Désertification du sol, tarissement d’eau, manque de pluie… Ces impacts du changement climatique se manifestent à Madagascar depuis des années. Le feu de brousse est une des principales causes du changement climatique. En 2020, selon les chiffres partagés par le Ministère de l’Environnement et du Développement Durable (MEDD), 67. 351 points de feux ont été localisés dans les zones forestières de Madagascar. C’est un record absolu comparé aux chiffres de 2017, 2018 et 2019, avec une augmentation d’environ 11% entre 2019 et 2020 (source : WWF). 
« Les paysans qui habitent autour de la forêt utilisent comme moyen d’acquérir un terrain à cultiver, tout d’abord la coupure des arbres et après ils brûlent la terre », a expliqué le Directeur Régional de l’environnement et développement durable du Boeny, Andrianjafy. Dans la région Boeny et Betsiboka, 129 infractions environnementales ont été signalées l’année dernière, dont les 72 % des cas sont liés aux feux de brousse. Une étude cartographique publiée en 2015 révèle que le pays a perdu 965.000 ha de forêts entre 2005 et 2013. La superficie totale de la couverture forestière nationale serait de 7.250.000 ha cette année contre 15 000 000 ha en 1950. Pour faire face à ces néfastes du changement climatique, « Reverdir Madagascar » est une vision Présidentielle. Pour la campagne de reboisement 2020-2021, 70.500.000 jeunes plants seront mis en terre et des efforts ont été mobilisés pour mettre en place des pépinières au niveau de chaque District et Communes ainsi que des Fokontany du pays. Deux Vitrines de reboisement sont instaurées dans les Régions Analamanga et Itasy afin de sensibiliser et inciter les citoyens à participer aux reboisements. « Reverdir Madagascar est urgent. La surface à reboiser sera augmentée », indique le ministère de l’Environnement et du Développement durable, Baomiavotse Vahinala Raharinirina. L’objectif est d’atteindre 75 000 ha par an contre 40 000 ha par an fixé en conseil de ministres en février 2019.
Alternatives
La culture sur-brûlis constitue une pratique priorisée par les agriculteurs à Madagascar. A court terme, les agriculteurs qui s’adonnent à cette pratique améliorent leur production. Cependant, sur le long terme, cela emmène à la perte de fertilité du sol et favorise ainsi l’érosion. « La pratique du tavy dégrade le sol », affirme Rakotondramana, technicien en agro-écologie. « La technique agro-écologique est une des solutions pérennes pour lutter contre les feux de brousse », a martelé l’ancien directeur général du développement durable, Ony Rabearivololona. L’agro-écologie met en relation la science de l’agriculture (l’agronomie) et l’écologie et vise à prendre en considération les écosystèmes dans la production. Elle est aussi « l’ensemble des pratiques agricoles imitant les fonctions offertes par la nature dont l’agriculture de conservation fait partie de la technique agro-écologique. « Elle est fondée sur trois principes et a pour finalité la gestion durable du sol et de sa fertilité, garante d’une production agricole durable en tenant compte de la protection de l’environnement », a expliqué, Toky Herinionja, Chef du projet Manitatra II, dans la région Vakinankaratra, mis en œuvre par GSDM (professionnel en agro-écologie). Les plantes de couvertures utilisées en Agriculture de conservation (AC) et agro-écologie ont des fonctions éco systémique important dont les principales sont la régénération de la fertilité du sol, la reconstitution de la biodiversité du sol, l’effet répulsif par rapport à certains insectes. L’utilisation de la plante de couverture telle que mucuna réduit et même supprime le travail du sol. « Pour moi, 50 % de mes dépenses ont été réduites et le taux de production augmentent », selon Lalaina, paysans leader formé dans le cadre du projet Manitatra II. Pour la campagne 2019 -2020, chez certains champs écoles paysans (CEP) et parcelles d’application des écoles encadrées par le projet, les rendements de riz pluvial s’élèvent à 5 tonnes (5,725 kg) par hectare sur des parcelles avec précédent jachère de mucuna. « Lorsque j’ai utilisé la plante de couverture mucuna à la culture de riz pluvial, le rendement s’élève entre 8 à 9 sacs pour une superficie de 4 ares. Par contre, j’ai obtenu 5 sacs seulement en utilisant la technique traditionnelle », témoigne Heriniaina Maurice, parents d’élèves du CEG Soavina.
Nirina R.
